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Listeria : Réghalal rappelle ses mini nems de dinde prétendument halal

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Reghalal listeria

L’alerte donnée par le groupe Auchan est relayée par 60 millions de consommateurs.

Un lot de mini nems de dinde de la marque Réghalal, propriété du groupe LDC (Le Gaulois, poulets Loué, Marie, Maitre Coq, Traditions d’Asie), a été contaminé par une bactérie potentiellement dangereuse pour les êtres humains, la Listeria monocytogenes.

Produit rappelé par : Réghalal (LDC)
Nom du produit : Mini-nems de dinde
Marque : Réghalal
Numéro de lot : 20/300
Code-barres : 3 366 760 037 456
Estampille sanitaire : FR 29 004 023 CE
Date limite de consommation (DLC) : 25 novembre 2020
Motif du rappel : contamination par la bactérie Listeria monocytogenes
Risque : toxi-infection alimentaire (listériose)
Contact Réghalal : 02 97 60 33 88
Source : Auchan
Recommandations : ne pas consommer, jeter ou rapporter au lieu d’achat pour remboursement

Ce rappel de produit s’impose tant cette bactérie de la famille des Listeria peut avoir des conséquences fatales chez des personnes vulnérables, comme peuvent l’être les nouveaux-nés, les femmes enceintes, les personnes âgées ou encore celles immuno-déprimées.

Les signes d’une contamination apparaissent dans un délai allant de deux jours à deux mois après la consommation de l’aliment contenant la Listeria. Ces symptômes vont de la simple fièvre aux maux de tête et autres troubles digestifs pour les cas les plus bénins. Dans les cas les plus graves, il faut craindre méningite, encéphalite et même décès.

Rappelons pour finir que la marque Réghalal – comme ID halal vendus notamment chez Lidl et dans le circuit discount ou Medina halal, autre marque appartenant à LDC — est certifiée halal par l’organisme de certification de la mosquée d’Evry sur la base de la confiance.

De fait, il n’y a pas de contrôle indépendant, permanent et systématique. Le laxisme des consommateurs musulmans offre ainsi à Reghalal comme à tous les partenaires de la mosquée d’Evry toute la latitude de décider de ce qui est estampillé halal. C’est ainsi que pendant des années la marque El Saada (société Jouvin) a commercialisé en toute impunité des produits halal contenant du porc.


Interdire l’abattage rituel : après le bio, l’OABA attaque le label rouge halal et casher

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Label rouge

La guerre que mène un groupe d’associations animalistes contre l’abattage rituel n’est pas nouvelle. On compte parmi elles l’OABA (Oeuvres d’assistance aux bêtes d’abattoirs), qui, en l’espèce, a choisi comme angle d’attaque l’aïd al-adha et le sacrifice rattaché à cette fête musulmane en privilégiant toutes les situations qui pouvaient politiquement et médiatiquement servir sa cause.

L’aïd al-adha, une lointaine lubie

Les sacrifices pratiqués hors abattoir, dans des fermes ou ailleurs, sont ainsi depuis des décennies au coeur de sa stratégie : voilà plus de trente ans déjà, l’OABA attaquait en justice la mairie d’Aulnay-sous-bois (Seine-Saint-Denis) et son arrêté du 29 juillet 1987 qui mettait à disposition de la communauté musulmane un terrain de la commune à l’occasion de l’aïd al-adha. Trois ans plus tard, le 4 juillet 1990, le tribunal administratif de Paris annulera ledit arrêté.

Lire – Imposer l’électronarcose : les méthodes douteuses de l’OABA

Depuis lors, les discrètes actions de loybbing auprès des politiques de l’OABA, association créée en 1961, ont perduré, tout comme chaque année, précisément à l’approche de l’aïd al-adha, les tentatives de dresser le grand public contre l’abattage rituel.

L’association gagnera quelque peu en visibilité à l’occasion d’une part en 2008 lors du grenelle de l’animal, d’autre part en 2010 de l’opération de communication contre l’abattage rituel retoquée par l’autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP).

Lire – Abattage rituel : Brigitte Bardot et ses amis afficheront-ils leur propagande ?

Voici les affiches refusées par l’ARPP. Rompant avec une indignation à deux vitesses, les associations participantes ne stigmatisèrent pas uniquement le halal.

Brigitte Bardot et ses amis affichent leur propagandeBrigitte Bardot et ses amis affichent leur propagande

Après l’abattage rituel bio, faire interdire l’abattage rituel tout court

Aujourd’hui, l’OABA se sent pousser des ailes grâce à ce qu’elle considère être une “éclatante victoire” et “véritable camouflet infligé au ministère de l’Agriculture, à l’INAO et à Ecocert”, en l’occurrence l’interdiction d’associer la mention “Agriculture biologique” à toute viande issue de l’abattage rituel, casher et halal donc.

Lire – “Agriculture biologique”: halal et casher ne peuvent plus être associés à la mention AB

Cette interdiction n’est qu’une étape, l’objectif final étant de faire interdire définitivement l’abattage rituel au niveau français et européen. L’OABA n’a d’ailleurs pas attendu pour repartir à l’attaque :

– le 6 septembre dernier, l’association menace d’attaquer en justice l’Etat qu’elle accuse d’avoir volontairement modifié, dans un avis publié le 13 juillet 2019 au Journal officiel, la règlementation régissant l’attribution du label rouge aux viandes bovines pour y supprimer la référence à l’étourdissement.

Label rouge Journal officiel 13 juillet 2019

L’OABA dénonce un tour de passe-passe du ministère de l’Agriculture deux jours après l’interdiction de la certification « Agriculture biologique » lors d’abattages sans étourdissement : “Puisqu’il n’est plus possible d’obtenir la certification biologique pour des steaks provenant d’un abattage sans étourdissement”, lit-on dans le communiqué, “le ministère de l’Agriculture et l’INAO [Institut national de l’origine et de la qualité, ndlr] répondent aux sollicitations commerciales en offrant le label rouge aux sacrificateurs religieux. Le bio halal/kasher est mort, vive le label rouge halal/kasher.”

Et d’ajouter que “l’OABA vient d’émettre une opposition motivée à cette demande de modification des conditions d’attribution du label rouge +gros bovins de boucherie+ et espère qu’elle sera prise en compte. A défaut, une nouvelle bataille juridictionnelle est à prévoir”

– le 18 septembre, la demande de l’OABA pour interdire l’abattage rituel a été examiné par le Conseil d’Etat. L’association justifie cette audience par le refus du ministre de l’Agriculture de se soumettre à ses recommandations, à savoir “de pratiquer un étourdissement réversible avant l’égorgement si la technique est disponible ou, à défaut, de soulager l’animal juste après le geste d’égorgement.”

Galvanisé par sa victoire mettant fin au halal/casher bio, l’association animaliste ne déposera pas les armes. C’est là d’autant moins probable que son combat est avant tout idéologique.

Comme nous l’écrivions en mai 2008, l’OABA appartient à une très longue tradition mystico-philosophique (déjà chez Pythagore ou Ovide) selon laquelle l’animal est un être humain comme un autre.

Lire – Table ronde autour de la question de l’abattage rituel : intervention de l’OABA

Il devient de fait difficile de s’accorder pleinement sinon autour d’une question, celle du bien-être animal auxquels les musulmans et les juifs ne sont pas sourds, bien au contraire. Reste à savoir si les anti et les pro abattage rituel se décident à dialoguer et à s’entendre, loin des intérêts carnassiers de l’industrie agro-alimentaire, ou si chaque partie choisit de camper sur des positions irréductibles les unes aux autres.

Dans ce second cas, ce sont encore une fois les animaux qui paieront un lourd tribut et les industriels qui continueront à toucher le jackpot au détriment de tous.


L’abattage rituel est de nouveau en danger. Juifs et musulmans se mobiliseront-ils pour le défendre ?
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Abattage rituel : le Conseil d’Etat n’imposera pas l’étourdissement, l’OABA déboutée

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Abattage rituel OABA Conseil d'Etat

La requête de l’association Oeuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs est rejetée“, lit-on ci-dessus.

Déboutée, l’OABA sollicita le Conseil d’Etat “par une requête sommaire, un mémoire complémentaire, un nouveau mémoire et un mémoire en réplique, enregistrés les 27 août et 26 novembre 2018 et les 24 avril et 16 juillet 2019”.

L’association demandait que soit imposé l’étourdissement des bovins, “soit un étourdissement immédiatement après la jugulation, soit un étourdissement réversible préalable à la jugulation, sous réserve dans ce dernier cas d’une validation préalable des techniques”. Et de demander en outre que le ministre de l’Agriculture soit contraint d’appliquer la décision qui serait alors prise par le Conseil d’Etat.

Lire – Etourdir préalablement un bœuf, c’est lui fracasser le crâne

En des termes et selon des arguments que nous invitons à découvrir directement dans l’arrêt téléchargeable à la fin de l’article, la juridiction précise “que l’association Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs n’est pas fondée à demander l’annulation de la décision qu’elle attaque“.

Lire – Yves-Marie Le Bourdonnec : “je suis pour la fin de l’étourdissement”

Rappelons à toute fin utile, que l’OABA est vent debout contre l’abattage rituel. Après avoir fait interdire l’usage de la mention “Agriculture biologique” à toute viande halal ou casher, elle a pris pour cible le mois dernier le label rouge.

Lire – Interdire l’abattage rituel : après le bio, l’OABA attaque le label rouge halal et casher

Pour lire en détails la décision du Conseil d’Etat, cliquez sur le lien suivant: Conseil d’Etat, 4 octobre 2019, requête n° 423647. Source du document Dalloz actualités).


L’abattage rituel est toujours en danger. Les musulmans l’entendent-ils ?
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Halal food : Marks & Spencer lance sa marque de distributeur

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Marks & Spencer simply food© Grass roots grounds well – Flickr

En 2019, le marché du halal alimentaire (halal food) est – particulièrement pour les multinationales – encore et toujours un eldorado.

En France, l’islamophobie ambiante freine considérablement les investissements. Pour autant, il ne faudrait pas se méprendre : c’est la frilosité très française des patrons des plus grandes entreprises de l’agro-alimentaire qui préserve un tant soit peu le marché du halal des appétits carnassiers et peu regardants s’agissant des principes islamiques en la matière.

Comme nous l’avons maintes fois écrit, c’est l’absence de capitaines d’industrie de la trempe de Jacques-Edouard Charret, ex-patron du groupe Quick, qui d’une certaine manière protège le halal d’une sorte de gentrification avec un nivellement vers le haram, le non-halal.

En Grande-Bretagne, les lignes bougent, avec l’arrivée du géant Marks & Spencer qui a lancé le 6 novembre dernier une gamme de plats cuisinés prétendument halal, d’abord dans 36 magasins à travers le Royaume-Uni.

Outre-manche, c’est une première, contrairement en France où des enseignes de la grande distribution ont franchi le pas en proposant elles aussi des propres en marque propre, en marque dites de “distributeurs” (MDD).

Citons par exemple :
– Casino et sa marque Wassila
– Intermarché et sa marque Al-Jayid
– Carrefour et sa marque Carrefour halal
– ou encore Auchan et sa marque Halalissime.

Cette première britannique s’annonce similaire à ce que nous avons connu avec le lancement de la gamme de Carrefour halal : Marks & Spencer a sollicité le certificateur Halal Food Authority (HFA), organisme qui accepte l’étourdissement préalable avant l’abattage et qui défraya la chronique en 2012 après que du porc soit détecté dans des produits halal.

Ce fut du reste le scandale de trop : des mosquées appelèrent publiquement au boycott de la Halal Food Authority.

Lire – Grande-Bretagne : appel au boycott d’un organisme de certification halal

Il faut dire que le cahier des charges de la HFA était alors du pain béni pour tous les entreprises désireuses de vendre des produits alimentaires halal sans les exigences du halal, comme permet de le constater ce tableau comparatif d’avec Halal Monitoring Committee (HMC), autre organisme de certification et de contrôle britannique.

Halal Food Authority - HMC
Source : HMC

En 2017, sur Twitter, Marks and Spencer précisait que toutes les viandes vendues dans ses magasins sont issues d’animaux étourdis préalablement.

Lire – Pour étourdir un boeuf, il faut sortir le flingue

Les plats préparés de Marks & Spencer seront commercialisés en outre à Singapour et à Dubaï, via une franchise internationale avec Al-Futtaim, conglomérat basé aux Emirats arabes unis.


Le marché du halal continue et continuera à être un marché d’avenir.
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Halal : AVS lance son propre label bio “AVS Nature”

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On le comprend assez rapidement en parcourant l’affiche ci-dessus : l’organisme de certification et de contrôle halal AVS (A votre service) lance son propre label bio : AVS Nature.

Attendue de longue date par bien des consommateurs exigeants, une telle certification survient après l’interdiction par la justice française de l’utilisation de la mention “Agriculture biologique” associée à une viande issue d’un abattage rituel (halal ou casher).

Lire – “Agriculture biologique”: halal et casher ne peuvent plus être associés à la mention AB

En juillet dernier, nous rappelions qu’il est “régulièrement reproché aux organismes de certification de continuer à se cantonner dans une définition technique du halal, le privant ainsi de ses lettres noblesses, celle de l’éthique, du bon, ce tayyib, synonyme de bio.”

La certification “AVS Nature” vient combler cette lacune, réparer ce manquement : “Cette certification garantit le caractère halal de produits carnés issus d’animaux abattus sans étourdissement préalable et élevés selon les normes biologiques, hors abattage”, annonce AVS.

Conditions d’élevage, alimentation des bêtes bio et sans OGM, absence de pesticides, personnel formé au bien-être animal, les critères de cette nouvelle certification devraient permettre l’émergence d’un nouveau marché semblable à celui du halal bio, qui en France n’a plus d’existence légale.

Il reste désormais aux consommateurs musulmans d’une part à soutenir les entrepreneurs qui commercialiseront des produits estampillés AVS Nature, d’autre part à encourager tous les autres organismes de certification à suivre cette voie, celle de la certification et du contrôle indépendant – des contrôleurs doivent être présents de façon systématique sur site – selon des critères identiques au bio.


Encourageons tous les organismes de certification à suivre la voie du bio.
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Allo Halal : Tourpagel tient toujours à s’adresser aux consommateurs musulmans

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Souvenez-nous. En 2008, Toupargel décidait de s’adresser spécifiquement aux consommateurs musulmans avec « Allo halal », un service téléphonique de commandes de surgelés prétendument halal.

Allo Halal Tourpagel

Treize ans et une crise du coronavirus Covid-19 plus tard, se faire livrer à manger à domicile paraîtra à tous banal. De la grande distribution aux applications comme Deliveroo, Uber eats et autres Just eat en passant par les boutiques en ligne indépendantes, l’offre de livraison de produits alimentaires ou de repas s’est très largement étoffée. Personne ne trouvera aujourd’hui l’idée originale. Pas même dans le halal (voir Le Comptoir givré, Biolal, etc.).

Du concept avant-gardiste au fiasco

En 2008, Allo halal était de fait avant-gardiste. Toupargel avait tout pour réussir : le concept éprouvé dans le non halal, l’expérience, le réseau de distribution, les moyens humains et matériels, etc. et un chiffre d’affaires de près de 366 millions d’euros.

Et pourtant ! Allo halal fut un fiasco. Roland Tchernio n’eut guère de peine à le reconnaître. Le président-directeur général d’alors confessa en effet en 2009 qu’il n’était pas « nécessairement satisfait des ventes de produits halal, lancés en 2008 ». Quelques semaines plus tard, Karine Pareti, chargée de communication chez Toupargel, se fit plus précise : « C’est vrai que nous n’avons pas encore trouvé la clef pour séduire de nouveaux clients musulmans. »

Allo halal fut donc abandonné. Ou presque. Comme on peut le constater sur la capture d’écran ci-dessous tirée du site de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), Toupargel a renouvelé pour dix ans le nom de son concept quasi mort-né. Ce qui est plutôt intelligent.

Allo Halal Tourpagel
© INPI

Une cible que les entreprises ne comprennent pas

Encore un mot. Si vous vous demandez pourquoi l’idée géniale de Toupargel s’est soldée par un échec, il faut chercher la réponse chez… Toupargel. Comme chez l’ensemble des industriels et de la grande distribution. Prenez Carrefour, Auchan ou encore Casino. Tous savent plus que quiconque combien les consommateurs musulmans pèsent lourd.

Tous rêvent de croquer à pleines dents, et pas seulement pendant le mois de ramadan, dans les milliards de l’économie islamique, tous secteurs confondus. Mais, ils ne savent pas comment procéder, car ils ne connaissent pas leur cible. Ils se contentent de la – bien triste – surconsommation d’avant et pendant ramadan et rongent leur frein le reste de l’année. Leur drame : ils ne savent pas comment s’adresser aux consommateurs musulmans. Ce qui est pourtant simple.

Allo halal est à ce titre un cas d’école : pour faire connaître ce nouveau service auprès des consommateurs musulmans, Toupargel acheta des spots de pub diffusés sur… Skyrock. Faut-il en dire plus ?


Les grandes entreprises françaises rêvent de conquérir les consommateurs musulmans, mais ne savent pas comment s’adresser à cette cible particulièrement lucrative.
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N’abîmons pas notre ramadan avec le faux halal

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Halal, par Chakil Omarjee

Manger halal pour un musulman est une obligation. Mais pendant ramadan, mois de l’adoration et de la spiritualité par excellence, elle revêt une importance toute particulière.

Dans un célèbre hadith, le Prophète ﷺ évoque le cas d’un homme dans une situation à plus d’un titre favorable à l’exaucement par Allah de ses invocations. Cet homme, en voyage de longue date, les cheveux ébouriffés, sale, lève les bras aux ciels et implore Dieu.

Mais, apprend-on dans la suite du hadith, sa nourriture est illicite (haram), ce qu’il boit est illicite, que ce dont il est vêtu est illicite et qu’il est, disons-le ainsi, en chair et en os illicite (tant il s’est nourri d’illicite). Comment donc dans ces conditions, interroge le Prophète ﷺ, cet homme peut-il voir ses invocations exaucées ?

En d’autres termes, manger haram réduit à néant nos invocations. Manger haram coupe ce lien direct, sans intermédiaires, entre nous et Dieu, annihile ce pouvoir aussi extraordinaire qu’accessible à chacun d’entre nous que sont les invocations.

A dix jours du mois de ramadan 2021 – 1442, quiconque souhaite jeûner gagnerait à écouter le rappel du vendredi que shaykh Chakil Omarjee a dispensé en direct depuis la page Facebook de la plateforme L.E.S. Musulmans.

Il fut question de l’importance du halal, en l’espèce au sens du halal alimentaire, du halal food, avec ceci de particulier que shaykh Chakil Omarjee dispose d’une expertise rarissime en France.

Outre le bagage théologique, assez commun chez nombre d’imams et de professeurs en sciences islamiques, il possède en effet, chose rare, d’une véritable expertise de terrain puisqu’il s’est rendu un nombre incalculable de fois dans différents abattoirs, centres d’élaboration des viandes, etc.). Il sait ce qu’il s’y passe. Il sait combien la fraude au halal est massive, catastrophique.

Son propos ne relève donc des principes théoriques de l’islam ancrés dans la réalité accablante et calamiteuse du halal. On est ainsi aux antipodes des discours totalement hors-sol et déconnectés de la réalité tenus par d’aucuns qui citent de fatwas sur le sujet en veux-tu, en voilà, sans en interroger au préalable la pertinence. Et au final qui autorise ce laxisme qui fait le bonheur des pires fraudeurs au halal.

Bonne écoute.

CDiscount souhaite développer la « niche du halal »

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Interrogé en mars dernier par le magazine spécialisé LSA, Emmanuel Grenier, PDG de CDiscount, leader français de l’e-commerce et propriété du groupe Casino, a indiqué vouloir commercialiser des produits alimentaires halal.

LSA : Nourrissez-vous des ambitions dans l’e-commerce alimentaire ? Notamment avec votre rapprochement avec Pourdebon.com en septembre dernier…


Emmanuel Grenier : Il y a toute une série de segments où les clients ne peuvent trouver leurs produits qu’en ligne. Nous n’avons pas vocation à devenir un hypermarché. Les clients viennent souvent chercher chez nous les produits qu’ils ne trouvent pas en magasins. Le second axe, c’est le terroir et les produits français. Le partenariat avec Pourdebon.com, lancé en juillet 2020, se passe très bien. Le troisième, c’est le développement de niches : le bio, le halal, les produits du monde… Nous allons développer toutes ces catégories-là dont l’assortiment ne peut pas être aussi profond qu’en magasins.

Source : LSA, L’interview exclusive d’Emmanuel Grenier, le PDG de Cdiscount

Pour l’heure, la catégorie des produits halal est peu fournie. On y compte seulement 35 produits.

halal chez Cdiscount

Peu fournie et pour le moins mal garnie : produits ultra-transformés, sucre et additifs, marques peu recommandables et… porc ; ce qui est pour le moins décalé.

halal chez Cdiscount

On y trouve aussi la fameuse gélatine bovine prétendument halal de la marque Sébalcé, qui fait fureur chez les pâtissières musulmanes, alors même que l’entreprise Condifa, qui la commercialise, n’apporte aucune garantie sur le caractère réellement halal de son produit.

gelatine pretendument halal Sebalce

Rappelons à ce sujet, à toutes fins utiles, qu’en 2012 un internaute mettait en ligne sur le forum – qui a été supprimé depuis — du site Patisland une petite enquête sur cette gélatine prétendument halal. Malgré son insistance, la marque refusa d’apporter les réponses à ses questions, choisissant d’entretenir le flou plutôt que de faire œuvre de transparence. Or, en matière de halal, quand il y a du flou, c’est qu’il y a un loup.

Pour revenir au halal chez Cdiscount, le e-commerçant devrait continuer à s’appuyer certes sur des vendeurs invités à proposer leurs produits sur sa marketplace, mais aussi sur Wassila. La marque a été lancée en 2009 par le groupe Casino, propriétaire de… Cdiscount.

Le troisième site marchand français, derrière Amazon et la Fnac (Fevad, 2020) devra convaincre face à des e-commerces qui, installés depuis plusieurs années, ont auprès des consommateurs musulmans un capital sympathie non négligeable. Rien ne dit en effet qu’un mastodonte comme Cdiscount vole la vedette à un Comptoir givré pourtant ô combien plus modeste.


Aïd al-adha : vouloir son mouton le premier jour encourage fraudes et hausse des prix

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mouton de l'aïd
© Shutterstock.com

Tout le monde ou presque veut son mouton le premier jour de l’aïd al-adha alors qu’il est possible, religieusement parlant, de procéder au sacrifice les jours suivants.

Mouton le premier jour, fraudes et prix qui montent

Chaque année, la spéculation directement liée à l’aïd al-adha provoque une augmentation des prix. Les quelque 220 000 moutons achetés – dont 114 000 abattus en 2020 dans des abattoirs situés en France — à cette occasion valent plus cher que ce qu’ils valent le reste de l’année. Il est aujourd’hui commun de trouver des bêtes dépassant aisément 300 euros pièce.

Jackpot pour la filière ovine au détriment des consommateurs musulmans : des éleveurs aux maquignons, en passant par les grossistes, la grande distribution et enfin les bouchers musulmans, tous assurent subir un marché qui les dépasse, n’hésitant pas à pointer du doigt le maillon de la chaîne… auquel ils n’appartiennent évidemment pas. En réalité, nombre de ses acteurs économiques se satisfont d’une situation qui leur est ô combien profitable : les seuls et véritables perdants sont une fois n’est pas coutume les consommateurs.

La frénésie qui caractérise le premier jour de l’aïd al-adha contribue grandement au maintien de prix élevés. Pire, elle crée des conditions particulièrement favorables à la fraude : moutons abattus à l’étranger plusieurs jours avant l’aïd, puis importés et stockés en France en attendant le jour J, moutons non halal vendus sous le label halal, moutons abattus en France dans la nuit qui précède la prière de l’aïd, etc.

Lire – Mouton de l’aïd : cette année encore, des milliers de familles vont se faire arnaquer

Un mouton abattu quatre ou cinq jours avant l’aïd, à l’étranger, en Irlande ou en Grande-Bretagne par exemple comme le sont une très grande partie des bêtes vendues à cette occasion, n’est pas un mouton de l’aïd, même s’il est halal.

Les consommateurs musulmans, victimes consentantes

Paradoxalement, les consommateurs musulmans sont à la fois victimes et responsables de cette situation. Victimes, car ils se font avoir. Responsables, car ils sont encore trop nombreux à vouloir absolument leur mouton le premier jour, alors même qu’ils disposent de quatre jours pour s’acquitter du sacrifice : le jour de l’aïd à proprement parler – qu’il est préférable de choisir, mais non obligatoire – et les trois jours suivants, dits « jours de tachriq ».

Les musulmans encouragent flambée des prix et multiplication des fraudes.

Les musulmans encouragent ainsi la flambée des prix et la multiplication des fraudes. Les éleveurs français, étranglés toute l’année par le rouleau compresseur de l’industrie agro-alimentaire, trouvent dans l’aïd al-adha pour certains un moyen de survie, et peuvent être amenés à augmenter le prix de vente.

Les abattoirs ajoutent des frais en pointant très opportunément l’afflux de clients ce jour-là. De même, de nombreux bouchers profitent d’une demande très forte le premier jour pour s’assurer de belles marges.

Si les consommateurs musulmans prenaient conscience de cet état de fait et se décider à agir, ils pourraient aisément changer la donne. Il suffirait de ne vouloir son mouton que le deuxième, troisième ou quatrième jour pour faire baisser mécaniquement les prix.

A l’instar des fraudes sur le marché de la viande halal ou du hajj, les abus relatifs au mouton de l’aïd al-adha ne sont pas inéluctables à condition que les communautés musulmanes se décident à oeuvrer pour mettre fin à cette incurie.


Aïd : choisir le 2e, 3e ou 4e jour fait baisser le prix de son mouton de plusieurs dizaines d’euros.
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Mouton de l’aïd : 38 abattoirs temporaires agréés en France

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agneaux dans un abattoir
© Shutterstock.com

Mardi 20 juillet en France et dans un certain nombre de pays dans le monde sera célébrée l’aïd al-adha. A cette occasion, les autorités françaises ont rendu publique mardi 13 juillet la liste provisoire des abattoirs autorisés.

Liste des abattoirs temporaires agréés pour l’aïd al-adha

La liste provisoire des abattoirs temporaires agréés pour la durée de la fête de l’aïd al-adha du mois de juillet 2021 est fixée comme suit :
FR 01.188.001 ISV. – France Ovin, Champ Bernon, 01140 Illiat
FR 01.419.051 ISV. – EARL Bergerie de Baizenas, 500 chemin de Baizenas, 01710 Thoiry
FR 06.048.001 ISV. – GIAUME (Maurice), 2130 route de Châteauneuf, 06390 Contes
FR 21.166.001 ISV. – Association franco-maghrébine de Chenôve, 14 rue Jacques-Daguerre, 21300 Chenôve
FR 21.317.001 ISV. – Communauté musulmane d’Is-sur-Tille, 17 rue de la Rochotte, 21120 Is-sur-Tille
FR 28.134.172 ISV. – Abattoir du Plessis, ZI des Châtelets, 28100 Dreux
FR 30.347.090 ISV. – Lionel Clappier, Jeu de mail, chemin de la Guillaumette, 30600 Vestric-et-Candiac
FR 34.172.036 ISV. – La bergerie languedocienne-Montpellier, 3024 rue d’Albert-Einstein-Grammont, 34000 Montpellier
FR 41.194.005 ISV. – Abattoir M’Barek Mohamed, rue des Quintaines, 41200 Romorantin-Lanthenay
FR 42.218.035 ISV. – Abattoir de l’Association Culturelle des Musulmans de Montreynaud, 6 rue du Moulin-Perraud, 42000 Saint-Étienne
FR 45.009.001 ISV. – SARL Jousset, « Le Moulin », 45170 Aschères-le-Marché
FR 60.175.004 ISV. – SARL les abattoirs de Creil, 510 rue Galilée, 60100 Creil
FR 69.214.012 ISV. – Abattoir de Monsieur RABUT, Beaugrand, 69550 Saint-Jean-la-Bussière
FR 69.136.001 ISV. – Abattoir collectif Delorme et associés, 1932, route du Drevet, 69700 Givors
FR 72.181.043 ISV. – Abattoir Ataff, boulevard Pierre-Lefaucheux, 72100 Le Mans
FR 77.305.004 ISV. – Abattoir de Montereau, 1 rue des Sécherons, 77130 Montereau-Fault-Yonne
FR 84.016.001 ISV. – Philippe Girardin, domaine de La Tapy, 24, chemin des Taillades, 84370 Bédarrides
FR 84.089.002 ISV. – SCEA Bonnaud, 1834, chemin du Vidalet 84120 Pertuis
FR 93.027.299 ISV. – SARL les abattoirs de Creil, aire des vents, 93440 Dugny

Source : Journal officiel, n°0161 du 13 juillet 2021

Cette liste a été complétée samedi 17 juillet et publiée au Journal officiel. On compte 19 abattoirs supplémentaires.

Liste complémentaire

La liste provisoire des abattoirs agréés pour la durée de la fête de l’Aïd el-Adha 2021 publiée au Journal officiel du 13 juillet 2021 est complétée comme suit :
FR 13.004.999 ISV. – La bergerie de Sylvestre, Mas de Nans, route de Tarascon, 13200 Arles
FR 13.047.999 ISV. – GAEC La Massuguière, Domaine de la Massuguière, rond-point Marcel-Dassault, 13800 Istres
FR 13.071.003 ISV. – KNS France, 4027, route de Gignac, 13170 Les-Pennes-Mirabeau
FR 13.071.998 ISV. – Bugade Distribution, 4027, route de Gignac, 13170 Les-Pennes-Mirabeau
FR 13.108.999 ISV. – GAEC de la Grande Visclède, Mas de la Grande Visclède, 1755, chemin Frédéric-Mannoni, 13150 Tarascon
FR 13.110.999 ISV. – Bergerie de Trets, Quartier Bresson, 295, chemin de la Grande-Pugère, 13530 Trets
FR 13.213.002 ISV. – Hattab Samir Said (SMAP), 51, boulevard de la Cabacette, 13170 Les Pennes Mirabeau
FR 25.580.150 ISV. – Association des résidents musulmans de Valentigney (ARMV), 1 bis, rue des Frères-Lumière, 25700 Valentigney
FR 38.077.001.ISV – Ferme de Mme Mabilon Nadine, 95, chemin du Clos, 38150 La-Chapelle-de-Surieu
FR 38.342.003 ISV. – Martin (Eric), 47, chemin de Pierre-Grosse, 38650 Roissard
FR 38.476.001 ISV. – Jourdan (Jérôme), 949, route des Cerisiers, 38440 Savas-Mépin
FR 73.068.008 ISV. – GAEC Lison, Les Gabelins, 73390 Chamousset
FR 74.245.008 ISV. – EARL Chevallier, 107, route de la Ferme, 74370 Saint-Martin-de-Bellevue
FR 83.109.001 ISV. – GIE du Brouis, Campagne Le Carton, 83840 La Roque-Esclapon
FR 83.113.001 ISV. – GIE du Bourdas, 1612, voie de la Transhumance, 83560 Saint-Julien-le-Montagnier
FR 83.137.019 ISV. – SARL M.E.D. Orient, La ferme Belayachi, 9001, chemin de La Juliette, 83200 Toulon
FR 83.138.001 ISV. – EARL de Peyrusse, 494, route de Cambarras, 83440 Tourrettes
FR 2A.247.305 ISV. – De Rocca Serra, lieu-dit Bala, 20137 Porto-Vecchio
FR 2B.193.001 ISV. – Barazzoli (Paule), lieu-dit Peri Tondu, Caporalino, 20236 Omessa

Source : Journal officiel, n°0164 du 17 juillet 2021

En 2020, on comptait 38 abattoirs agréés pour le sacrifice de l’aïd al-adha ; soit un nombre équivalent d’établissements après une constante diminution depuis 2016.

Nombre d’abattoirs agréés depuis 2013

– 2013 : 62
– 2014 : 61
– 2015 : 53
– 2016 : 67
– 2017 : 49
– 2018 : 46
– 2019 : 44
– 2020 : 38

Publié le 15 juillet. Mis à jour le 18 juillet.

La Grèce interdit l’abattage rituel

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Le Conseil d’État grec a interdit mardi 26 octobre l’abattage rituel, halal et casher, rapporte le site Greek Reporter.

Saisie par une association de protection animale, la plus haute juridiction administrative du pays devait statuer sur la dérogation qui permettait aux juifs et aux musulmans de ne pas recourir à l’étourdissement préalable.

Cette décision suit sans surprise l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne qui, en décembre 2020, indiquait que les décrets flamand et wallon qui interdisent en Belgique l’abattage d’animaux sans cet étourdissement préalable ne sont pas contraires au droit européen.

Lire – Abattage rituel : imposer l’étourdissement n’est pas contraire au droit européen

Il revient désormais au gouvernement grec d’articuler droits des animaux et liberté religieuse. « Le gouvernement doit réglementer la question de l’abattage des animaux dans le cadre du culte de manière à garantir à la fois la protection des animaux contre tout désagrément pendant l’abattage et la liberté de culte des musulmans et des Juifs religieux vivant en Grèce », a déclaré le tribunal, selon Times of Israel, citant une information du site grec Protothema.

Sur Twitter, le Bureau international de la liberté religieuse, administration américaine liée au Département d’Etat – l’équivalent d’un ministère des Affaires étrangères -, appelle les gouvernements à respecter les pratiques religieuses que sont notamment l’abattage halal, l’abattage casher et la circoncision.

En France, l’association L214 rendait publique mercredi 27 octobre une enquête-choc réalisée après une infiltration dans un des nombreux abattoirs du groupe Bigard, propriétaires des marques Charal et Socopa, à Cuiseaux en Saône-et-Loire. Les images de bovins suspendus encore conscients par une patte à la chaîne d’abattage, après avoir été mis à mort à la chaîne dans des conditions choquantes, jettent une lumière crue sur des pratiques industrielles incompatibles avec les exigences du halal.

Halal : la mosquée de Lyon se sépare d’un de ses partenaires historiques

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abattage électronarcose / avec étourdissement
© L214

Le communiqué de presse avait suscité l’inquiétude des consommateurs musulmans. En mars 2021, les mosquées de Paris, d’Evry et de Lyon annonçaient conjointement que « l’abattage rituel halal de volaille en France ne sera[it] plus autorisé », « à compter du mois de juillet 2021 ».

Une législation plus exigeante

Dénonçant des « dispositions » qui constitueraient « une grave entrave au libre exercice du culte », les trois institutions alertaient sur la « situation dramatique » que les musulmans de France « risqu[aient] de vivre ».

Neuf mois plus tard, la volaille halal n’a pas été interdite par l’Etat français. Et pour cause : il n’était pas prévu qu’elle le soit, contrairement aux affirmations des trois mosquées. Ces dernières espéraient en réalité faire suffisamment pression sur les autorités pour qu’elles n’appliquent pas l’instruction technique DGAL/SDSSA/2020-722 du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation à l’origine du communiqué, laquelle a trait aux « contrôles officiels relatifs à la protection animale en établissement d’abattage de volailles au moment de leur mise à mort ».

Jusque juillet 2021, procéder à un abattage avec électronarcose, selon des paramètres électriques inférieurs à ceux imposés par l’Europe (règlement (CE) n°1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort), était encore toléré. Depuis juillet, il faut choisir : soit on abat les volailles sans recourir à l’électronarcose, comme le permet la dérogation dont bénéficient juifs et musulmans, soit l’abattage avec électronarcose selon les paramètres électriques imposés par le règlement européen.

Lire – Non, la France n’interdira pas la volaille halal en juillet 2021

L’Etat français n’ayant pas cédé, l’organisme de certification et de contrôle de la mosquée de Lyon, l’ARGML, (association rituelle de la grande mosquée de Lyon), a dû prendre une décision importante avec au moins, à ce jour, l’un de ses partenaires, le volailler Bernard Royal Dauphiné (BRD).

La mosquée de Paris et la mosquée d’Evry ne sont en réalité guère concernées, puisqu’elles permettent de longue date à leurs partenaires industriels le recours à l’électronarcose (et l’abattage mécanique) à des paramètres qui tuent une partie des volailles.

La mosquée de Lyon devait trancher

Contactée en juillet dernier par Al-Kanz, l’ARGML nous indiquait qu’elle continuerait à « certifier halal l’abattage rituel des volailles, uniquement si [ses collaborateurs sont] en mesure de vérifier, comme jusqu’à présent, que la volaille est bien vivante au moment du sacrifice, et ce par la présence permanente de nos contrôleurs rituels et la maîtrise des paramètres d’électronarcose ».

Lire – Abattage rituel : le CFCM n’accepte l’étourdissement ni avant ni après la saignée

Dès l’entrée en vigueur de l’instruction technique, il fallait compter avec des vétérinaires qui veillaient à faire appliquer rigoureusement ce texte. Selon nos informations, des tensions sont apparues, très rapidement, sur certains sites d’abattage dès l’été. Mais il aura fallu attendre la semaine dernière pour qu’une première décision, de taille, soit prise par un organisme de certification et de contrôle halal.

Partenaires depuis 25 ans, BRD et l’ARGML ont en effet mis fin à leur collaboration. « Le dernier lot d’abattage sous contrôle ARGML a été produit jeudi 2 décembre 2021 (lot 336). Ainsi, les produits à marque “Royal Halal”, “Maistre Bernard”, “Ben’s halal” ne porteront plus le logo de certification halal ARGML », précise l’organisme de certification dans un communiqué adressé mardi 7 décembre à Al-Kanz, « ce jusqu’à nouvel ordre ».

« Suite au constat de non-conformité réalisé par nos contrôleurs rituels », nous confie sa direction, « l’ARGML a décidé de suspendre sa certification halal sur ce site, dans la mesure où l’abattoir a été contraint d’appliquer à compter du vendredi 3 décembre 2021 des paramètres d’électronarcose trop élevés, définis par la nouvelle réglementation, conduisant quasi systématiquement à la mort des volailles ».

Quant à BRD, l’entreprise regrette cette fin de collaboration, rendue nécessaire, explique-t-elle à Al-Kanz, par « les modalités d’application décrites dans l’instruction technique », auxquelles son site de Grâne (Drôme) « s’est conformé, comme il le fait pour toute évolution règlementaire et clarification technique ».

Il restait toutefois possible au volailler de renoncer à l’électronarcose, plutôt que maintenir cette pratique, qui, du fait de ces nouvelles dispositions légales, de l’aveu même de l’ARGML, tue « quasi systématiquement » les volailles. Certes non désirée, la séparation d’avec son partenaire aurait pu être évitée, si BRD avait choisi d’abattre sans électronarcose.

Et maintenant ?

Plusieurs questions se posent désormais :
pour l’organisme de certification de la mosquée de Lyon : « Nous continuerons à opérer là où nous trouverons les conditions de garantie requises par notre cahier des charges », indique à Al-Kanz l’ARGML. Sans assouplissement de l’instruction technique, va-t-elle choisir de bannir de son cahier des charges le recours à l’électronarcose ? ou devra-t-elle ne plus intervenir qu’en-dehors de l’Hexagone, où elle est déjà présente ?

Lire – Abattage rituel : le CFCM n’accepte l’étourdissement ni avant ni après la saignée

pour BRD : jusqu’à présent le site de Grâne appliquait, selon l’ARGML, « des paramètres qui permettaient de garantir que la volaille était bien vivante avant l’abattage rituel, sous la responsabilité [des] contrôleurs rituels, présents durant toute l’opération ». Ce n’est plus le cas aujourd’hui : les productions se poursuivent sans son certificateur historique, certes « dans le respect de la règlementation européenne et de l’instruction technique ministérielle française », mais selon des paramètres incompatibles avec le halal.
Si, par ailleurs, BRD assure mettre « tout en œuvre pour [se] faire attribuer (sic) un autre organisme certificateur », sauf à se payer les services d’un organisme douteux, peu regardant sur la conformité au halal, il ne sera pas possible d’à la fois recourir à l’électronarcose dans le respect des exigences légales actuelles et de commercialiser des volailles strictement halal.
Le départ de l’ARGML est significatif : l’application des paramètres requis par l’instruction technique DGAL/SDSSA/2020-722 est incompatible avec le respect du halal, avec le halal tel que régi par les principes de l’islam. En outre, il actera peut-être la fin d’une duplicité, celles des organismes de certification qui, trompant les consommateurs musulmans, acceptent de longue date le recours à une électronarcose qui tue.

pour les partenaires industriels de l’ARGML : Casino et Carrefour sont d’ores et déjà concernés : BRD fabrique pour le premier et sa marque Wassila, pour le second et sa marque Carrefour halal. Or, précise la mosquée de Lyon, les « fabrications sous d’autres marques jusqu’à présent certifiées ARGML au départ de cet abattoir sont suspendues ».

Que feront les autres partenaires de l’ARGML (Zakia, Halal sélection, Italal, El Jaouda, les restaurants Quick et Burger King passés au halal etc.) ? Choisiront-ils, contrairement à BRD, de renoncer totalement à l’électronarcose ou mettront-ils à leur tour fin à leur collaboration avec l’ARGML ? Quid d’Isla Délice, se demanderont sans nul doute au premier chef les clients du leader français de la charcuterie halal ? Si l’entreprise, rachetée en 2018 par le fond d’investissement Perwyn, se fournit massivement à l’étranger, elle devra d’une manière ou d’une autre sinon prendre position, à tout le moins communiquer.

Quels que soient les choix à venir des uns et des autres, la fin du partenariat de l’ARGML d’avec Bernard Royal Dauphiné et, avant cela, l’entrée en vigueur de l’instruction technique DGAL/SDSSA/2020-722 marquent un tournant sur le marché de la viande halal, dont il n’est pas possible aujourd’hui de mesurer les conséquences.


La mosquée de Lyon appelle « consommateurs et professionnels à être vigilants lors de leurs prochains achats ».
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Halal : Bernard Royal Dauphiné en communication de crise après le départ de la mosquée de Lyon

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Mardi 7 décembre, nous vous révélions la fin du partenariat de l’organisme de certification de la mosquée de Lyon, l’ARGML (association rituelle de la grande mosquée de Lyon) d’avec la société Bernard Royal Dauphiné.

Ce divorce non désiré, ni par l’un ni par l’autre, fait suite à l’entrée en vigueur, l’été dernier, d’un texte du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, l’instruction technique DGAL/SDSSA/2020-722.

Partir plutôt que certifier halal des poulets non halal

Jusque-là, avant d’être mises à mort, les volailles de Bernard Royal Dauphiné passaient dans un bain électrifié dont l’intensité était plus faible que ce que l’Europe impose au nom du bien-être animal. Désormais, cette pratique appelée « électronarcose » ne peut être appliquée que selon les termes du règlement européen ; soit selon une intensité plus élevée.

Or, de l’aveu même de l’ARGML, ces nouveaux paramètres « trop élevés » tuent « quasi systématiquement » les volailles.

Lire – Halal : la mosquée de Lyon se sépare d’un de ses partenaires historiques

Continuer à certifier halal des poulets morts avant même d’être passés sous la lame des sacrificateurs revenait à certifier halal ce qui, en islam, est considéré comme étant de la charogne, laquelle, pour un musulman, est interdite à la consommation. Certains organismes de certification s’accommodent très bien de cette contradiction. Pas l’ARGML.

L’impossible halal des poulets Bernard Royal Dauphiné

L’ARGML a quitté son partenaire volailler parce qu’il lui était impossible de certifier halal des poulets non halal. Or, au lendemain de la parution de notre article, Bernard Royal Dauphiné choisissait d’envoyer le communiqué suivant à ses clients professionnels, dont notamment des boucheries halal.

« La société Bernard Royal Dauphiné atteste respecter le mode de saignage manuel des volailles selon le rituel halal et les exigences de l’instruction technique ministérielle relatives à la Protection Animale (sic) au moment de leur mise à mort. »

Ce communiqué, particulièrement maladroit, n’évoque que l’abattage manuel, pas le recours à une électronarcose qui tue « quasi systématiquement » les volailles, que Bernard Royal Dauphiné élude volontairement.

Aussi difficile que soit la situation dans laquelle l’entreprise se trouve actuellement, la seule stratégie de communication (de crise) à adopter est la transparence et l’honnêteté :
– indiquer que la séparation d’avec l’ARGML est subie ;
– préciser que la mise en conformité avec l’instruction technique de juillet 2021 ne pouvait être autrement ;
– concéder, comme l’ARGML, que l’électronarcose tue quasi systématiquement toutes les volailles.

Dès lors, il ne peut y avoir que trois solutions :
– renoncer à l’électronarcose,
– renoncer au halal rendu impossible lorsque l’on recourt à l’électronarcose, désormais « quasi systématiquement » létale,
– suspendre les productions halal jusqu’à nouvel ordre, en attendant un éventuel assouplissement de l’instruction technique.

Bernard Royal Dauphiné a choisi pourtant choisi une quatrième solution, inaudible par les consommateurs musulmans : produire et commercialiser des poulets non halal qu’elle certifiera aujourd’hui elle-même halal sans certificateur, demain peut-être avec la complicité d’un certificateur complaisant.

Cette décision n’est pas seulement regrettable, elle est périlleuse pour l’entreprise. L’affirmation selon laquelle l’électronarcose telle qu’employée par Bernard Royal Dauphiné tue les volailles a pour origine son propre partenaire certificateur historique. Il ne s’agit ni d’une rumeur ni d’une calomnie.

Préservé jusque-là du fait de son partenariat avec l’ARGML, le volailler drômois, s’il devait poursuivre dans cette voie, entrerait alors dans cette catégorie d’industriels de l’agroalimentaire qui commercialisent en connaissance de cause, de façon tout à fait décomplexée, de la viande non halal étiquetée halal.

Bernard Royal Dauphiné ruinerait alors sa réputation auprès des consommateurs musulmans, forgée d’année en année pendant un quart de siècle. On a vu meilleure gestion de crise.


La société Bernard Royal Dauphiné a choisi de commercialiser des poulets non halal qu’elle certifiera elle-même halal.
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Pour les fêtes, Bernard Royal Dauphiné a commercialisé des poulets non halal « certifiées 100 % halal »

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Début décembre, l’association rituelle de la grande mosquée de Lyon (ARGML) se séparait de Bernard Royal Dauphiné (BRD).

L’entrée en vigueur en juillet dernier d’une instruction technique (voir article mentionné ci-dessous) a contraint l’organisme de certification et de contrôle de la mosquée de Lyon et le volailler drômois à mettre un terme à leur partenariat de vingt-cinq ans.

Ne pouvant plus recourir à l’électronarcose selon des paramètres jugés trop faibles par l’Union européenne et refusant d’abandonner cette pratique, BRD n’a pu retenir son certificateur, selon qui les paramètres désormais exigés « tue quasi-systématiquement » les volailles avant même l’abattage ; ce qui rend les bêtes de fait non halal.

Lire – Halal : la mosquée de Lyon se sépare d’un de ses partenaires historiques

BRD n’envisageait pas d’abattage sans électronarcose, l’ARGML pas de volailles mortes avant l’abattage. Le divorce s’imposait.

C’est ainsi que depuis le 3 décembre dernier les poulets et autres chapons sont non seulement abattus en l’absence des habituels contrôles, indépendants et systématiques, des employés de l’ARGML, mais surtout le sont-ils après recours à cette électronarcose qui « tue quasi-systématiquement ».

Contactée par Al-Kanz, BRD nous assure que le sacrifice est toujours manuel, mais élude ce qui pose véritablement problème : après le départ de l’ARGML, l’entreprise a continué à estampiller halal des volailles issues d’abattage qui ne peuvent l’être, au vu du taux de létalité très élevé, cause du départ de l’ARGML.

Le volailler a procédé en connaissance de cause à ces abattages non halal en vue de commercialiser, dans sa « gamme festive 2021 » dindes, chapons et foies de volailles prétendument « 100 % halal ».

Bernard Royal Dauphiné volailles non halal
Cliquez pour agrandir

Ces volailles non halal estampillées halal se sont retrouvées, comme chaque année, dans les rayons de la grande distribution.

Bernard Royal Dauphiné volailles non halalBernard Royal Dauphiné volailles non halal

Expédié le 18 décembre, le chapon « halal », dont voici l’étiquette, abattu la veille ou l’avant-veille, n’est pas halal.

Bernard Royal Dauphiné volailles non halal

Si l’on s’en tient uniquement à ces volailles commercialisées il y a encore quelques jours dans un hypermarché, on constate qu’entre le 3 décembre, départ officiel de l’ARGML, et le 16 ou le 17 décembre, BRD s’est affranchie d’une condition sine qua non du halal : une bête morte avant l’abattage ne peut être déclarée halal. Autrement dit, l’entreprise a commercialisé en connaissance de cause des volailles non halal sous la mention halal.

Et après le 17 décembre ? « La direction du site a reçu un organisme certificateur afin d’étudier la mise en place d’une nouvelle certification halal », nous indique le volailler. Et d’ajouter : « La visite a eu lieu le 15 décembre 2021 et BRD est actuellement en attente d’une réponse de cet organisme. Conscient des interrogations que cette situation peut susciter auprès de ses clients et consommateurs, BRD a pris la décision de temporairement suspendre l’activité halal durant le délai nécessaire à cet organisme pour se prononcer. »

Un organisme certificateur ? La SFCVH-mosquée de Paris ? L’ACMIF-mosquée d’Evry ? Qu’il s’agisse de l’un de ces deux organismes de certification ou encore d’un autre, la certification de volailles mortes avant même l’abattage ne vaudra rien.

L’instruction technique du ministère de l’Agriculture ne permet que l’alternative suivante : soit BRD abandonne le halal, le recours à l’électronarcose étant désormais sans aucun doute totalement incompatible avec les exigences du halal, soit le volailler abandonne cette pratique et renoue, éventuellement, avec l’ARGML. Il n’existe aucune autre solution intermédiaire, sauf à vouloir tromper les consommateurs musulmans à la manière de très nombreux acteurs économiques sur le marché du halal alimentaire.


Bernard Royal Dauphiné a commercialisé volontairement des volailles non halal sous la mention halal.
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Derrière Le Fermier des Vosges, Mourad O. grossiste en viandes, et Abdelhak A., caution champêtre

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La ferme, Fresse-sur-Moselle – © Un idéal de vie, Ali Benhamroura

1er février 2021. Lancement de la boutique en ligne Le Fermier des Vosges. La promesse est alléchante : les consommateurs musulmans vont pouvoir déguster de la charcuterie halal de première qualité, façonnée dans la plus pure tradition artisanale par un éleveur passionné et son épouse au sein de leur ferme.
Onze mois plus tard, saucissons, jambons de veau et autres bresaolas ont disparu de la page d’accueil du site, la page Facebook a été supprimée, le compte Instagram n’est plus alimenté : nos premières révélations, courant décembre sur les réseaux sociaux, ont semé la panique. Enquête en quatre volets sur l’affaire du Fermier des Vosges.

La fable du fermier éleveur-charcutier-e-commerçant

L’histoire était belle. Un fermier, béret vissé sur la tête, musulman d’origine maghrébine qui a fait le choix de la nature, de la montagne. Révélé à l’Internet musulman en 2013 par le festival de cinéma des Mokhtar Awards, Abdelhak A., éleveur de cinquante-et-un ans, est propriétaire d’une ferme à Fresse-sur-Moselle (88) ; des vaches – de race vosgienne – et des chèvres.

Il fut un temps où le fermier des Vosges, comme on le surnomme, fabriquait quelques kilos de charcuterie artisanale, qu’il vendait localement sous le régime de l’EARL (exploitation agricole à responsabilité limitée). Leurson, sa société, n’a pas l’autorisation légale de vendre au-delà du département.

Pourtant, à partir de février dernier, la « charcuterie artisanale depuis 1999 » – dit le slogan de la boutique en ligne – prétendument fabriquée par ce petit éleveur a conquis une clientèle bien au-delà des Vosges.

charcuterie industrielle le Fermier des Vosgescharcuterie industrielle le Fermier des Vosges

Des milliers de consommateurs musulmans à la recherche de viandes de qualité réellement halal et de charcuterie « 100 % artisanale », sans additifs ni autres obscurs ingrédients prisés par les industriels, sont persuadés d’avoir enfin goûté à d’authentiques produits du terroir ; convaincus d’avoir commandé et reçu saucissons, rôtis de canard, salami de boeufs, etc., tous issus directement de la ferme.

Et pourtant aucun des quelque cinquante produits commercialisés par la e-boutique Le Fermier des Vosges n’est fabriqué par Abdelhak A. Rien n’est artisanal, tout ou presque est industriel.

Si le fermier lui-même, sa ferme, ses vaches et ses chèvres existent bien, la belle histoire du fermier des Vosges commercialisant dans une boutique en ligne éponyme une « charcuterie artisanale depuis 1999 », fabriquée par ses soins, est une fable, un mensonge marketing particulièrement lucratif.

Distinguer l’éleveur de la boutique en ligne

Prenez un éleveur vosgien. Surnommez-le « le fermier des Vosges ». Lancez une boutique en ligne que vous appellerez à dessein… « Le Fermier des Vosges ». Ajoutez le slogan « charcuterie artisanale depuis 1999 ». Contactez une vingtaine de comptes Instagram influents. Laissez infuser la confusion entre le fermier des Vosges, l’homme, et Le Fermier des Vosges, le e-commerce. Persuadez-les de faire la promotion des produits fabriqués, dans les larmes et le sang, par un tout-petit fermier qui travaille très dur pour offrir aux consommateurs musulmans de la charcuterie halal de qualité. Vendez !

Voilà la recette qui a permis à deux individus d’encaisser en quelques mois une somme rondelette aux dépens de leurs clients, dont on pourrait certes interroger la naïveté et le laxisme s’agissant notamment de la garantie halal, mais qui, quoi qu’on en pense, sont victimes.

Contrairement à ce que nombre d’entre eux croient encore, derrière le site le Fermier des Vosges, il n’y a en effet pas seulement Abdelhak A., tout à la fois éleveur, fermier, artisan-charcutier, e-commerçant et community manager : le fermier des Vosges n’est pas Le Fermier des Vosges. Pas plus que la boutique en ligne ne serait la vitrine commerciale de l’activité du fermier Abdelhak A., qui, avec l’aide de son épouse, fabriquerait de « la charcuterie artisanale depuis 1999 ».

Derrière l’éleveur, Mourad O., ex-financier

L’éleveur n’est en réalité que la caution, le faire-valoir champêtre et bucolique indispensable à Mourad O., ancien financier reconverti dans la viande « halal », qui en coulisses tire les ficelles. Voyons plutôt.

Commençons par le nom de domaine : lefermierdesvosges.fr. Enregistré le 21 août 2019, il est la propriété de Mourad O. via son entreprise Natur’allies. Bien que « le fermier des Vosges » soit le surnom exclusif de Abdelhak A., ce dernier n’a ni paternité, ni propriété, ni droit de regard sur le nom de domaine.

Point intéressant. Le 20 mars 2021, soit un mois et demi après le lancement de la boutique en ligne, Mourad O. a déposé, à l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI), « le fermier des Vosges ». Comme pour le nom de domaine, il s’agissait de garder la main sur ce qui devait devenir une marque et d’empêcher Abdelhak A. d’en devenir propriétaire.

Lors d’un entretien téléphonique, Mourad O., qui affirme « tout faire », justifie cette appropriation : il est hors de question de « développer l’image du Fermier des Vosges, de développer quelqu’un, Abdelhak, qui demain s’il y a séparation garde l’image et moi rien ».

La demande fut, logiquement, rejetée en octobre : la locution « le fermier des Vosges » est bien trop générique pour devenir une marque protégée. Elle sera toutefois la raison commerciale d’une entreprise, Naturallies V, « V » pour Vosges (à distinguer de la société Natur’allies), et le nom de la boutique en ligne.

Derrière Naturallies V., il y a d’une part Mourad O., d’autre part Abdelhak A. Le premier est président, le second directeur. Autrement dit, le patron du business Le Fermier des Vosges, c’est bel et bien Mourad O. et non Abdelhak A.

S’il fallait convaincre les plus sceptiques, voici la répartition des parts de la société, telles qu’elles apparaissent dans les statuts de la société : Mourad O. possède 80 % des parts (lesquelles seraient réparties selon un pacte d’actionnaires, nous dira-t-il), Abdelhak 20 %.

En résumé, s’il est bien propriétaire avec son épouse de la ferme sise à Fresse-sur-Moselle, dans le département des Vosges (88), Abdelhak A. n’est pas patron de la société qui gère la boutique en ligne www.lefermierdesvosges.fr. Pas plus qu’il n’en est l’actionnaire majoritaire.

En outre, l’objectif derrière la boutique en ligne Le Fermier des Vosges n’a jamais été de commercialiser les produits fabriqués à la ferme par Abdelhak A. L’agriculteur ne dispose ni des capacités de production pour répondre à la demande de milliers de clients, ni l’autorisation légale, comme dit précédemment, de commercialiser la charcuterie qu’il pourrait être amené à fabriquer sinon localement.

La réalité est la suivante : grossiste en viande, Mourad O. s’est associé avec Abdelhak A., partenaire consentant, pour pouvoir écouler des produits industriels et prétendument halal, vendus par ailleurs à des bouchers, peu regardants. Pierre angulaire de cette entreprise peu orthodoxe, l’image du petit fermier devait convaincre les consommateurs musulmans de casser leur tirelire pour acheter cette charcuterie, qu’ils pensaient saine, halal et artisanale.

De la responsabilité des « influenceuses »

Qui a lancé un commerce en ligne sait combien les premiers temps sont difficiles. Sans la visibilité obtenue grâce au concours d’une vingtaine de comptes Instagram réunissant au total de 2 à 2,5 millions d’abonnés, Le Fermier des Vosges n’aurait jamais pu en quelques semaines convaincre plusieurs milliers d’internautes ni de devenir clients ni de payer le prix fort cette charcuterie prétendument halal et artisanale.

La responsabilité de ces influenceuses* est immense : plutôt que de vérifier et d’exiger un minimum de garanties avant d’inviter leur communauté à foncer tête baissée, ces dernières ont préféré croire sur parole la fable racontée, non sans pathos, par Mourad O.

Cette légèreté est irresponsable, et dangereuse : pour éviter de mettre la puce à l’oreille d’internautes prudents, Mourad O. et Abdelhak A. ont choisi de n’indiquer les ingrédients de leurs produits nulle part. Ni dans boutique en ligne ni sur les étiquettes. Or, comme nous le verrons dans un prochain article, plusieurs allergènes figurent dans la composition des produits, sans qu’aucun des clients ne l’aient su ; au risque de subir un choc anaphylactique sans pouvoir en identifier l’origine.

Il faudra attendre nos premières publications sur les réseaux sociaux et les deux interviews, la première avec Abdelhak A., la seconde avec Mourad O., d’une durée respectivement de trois et quatre heures, pour que ingrédients et allergènes soient ajoutés sur les fiches produit de la boutique en ligne.

*sur la vingtaine de comptes, nous n’avons identifié qu’un seul homme qui gère avec sa compagne leur compte commun.


Le Fermier des Vosges : une boutique en ligne lancée pour écouler de la charcuterie industrielle

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Deuxième volet de notre enquête sur l’affaire du Fermier des Vosges. Dans le précédent article, nous vous révélions la réalité derrière cette boutique en ligne, celle d’un grossiste en viandes, Mourad O, qui s’associe avec un agriculteur, Abdelhak A., dont il exploite l’image pour vendre ses produits industriels et dits « halal ».
La manœuvre a fonctionné, puisque pendant dix mois des milliers de particuliers leur ont acheté une charcuterie, qu’ils pensaient saine, halal et artisanale.

Lire – Derrière Le Fermier des Vosges, Mourad O. grossiste en viandes, et Abdelhak A., caution champêtre

Pour écouler ses viandes, Mourad O., le grossiste, a fondé son argumentaire commercial sur le mensonge suivant : la boutique en ligne Le Fermier des Vosges propose des produits fabriqués de façon artisanale par un agriculteur et son épouse dans leur petite ferme.

Rungis, alpha et omega du Fermier des Vosges

Le Fermier des Vosges a séduit des milliers de clients en France et à l’étranger, pour qui il n’était pas seulement question d’acheter de la viande halal.

Le fermier des Vosges versus Le Fermier des Vosges

Attribuer à la boutique le surnom d’Abdelhak A. est l’une des stratégies de Mourad O. pour faire croire à la fable du fermier-éleveur-charcutier-e-commerçant. Lorsque nous écrivons « le fermier des Vosges », minuscule à « fermier », nous évoquons l’agriculteur. En revanche, « Le Fermier des Vosges », majuscule à « Fermier », désigne le e-commerce.
Sur la confusion volontaire entre le surnom de l’éleveur et le nom de la e-boutique, voir le précédent article).

Il s’agissait aussi de soutenir une initiative, celle d’un agriculteur-artisan-charcutier qui n’avait pas ménagé sa peine pour révolutionner la charcuterie halal.

Passer commande sur le site, c’était accéder enfin à des produits carnés « authentiques », artisanaux, vraiment halal, sans additifs ni ingrédients douteux et/ou dangereux, fabriqués localement dans le respect de l’environnement et de l’enseignement prophétique, notamment en termes de bien-être animal.

Soit tout ce que l’on ne trouve pas dans l’industrie agroalimentaire qui inonde nos boucheries, nos assiettes et nos ventres de sa viande toxique et le plus souvent frauduleusement estampillée halal.

Tout cela n’était pourtant qu’illusion. Le cœur de l’activité du Fermier des Vosges n’a jamais été à la ferme, mais à proximité de Rungis, dans le département du Val-de-Marne, où étaient préparés et expédiés les colis. Ce qui explique l’adresse sur l’étiquette du transporteur.

Etiquette d'un colis Chronofresh envoyé par Le Fermier des Vosges

Notons que si certains clients ont pu récupérer leur commande à la ferme, c’est précisément pour entretenir cette illusion : Mourad O., qui gère toujours près de Rungis son autre société, celle spécialisée dans la commercialisation en gros de produits carnés industriels, prenait soin d’envoyer une partie du stock à Fresse-sur-Moselle. A Abdelhak A. ensuite de laisser croire au moment de la remise en main propre qu’il s’agissait de sa production, évidemment artisanale. En réalité, totalement industrielle.

Une charcuterie 100 % industrielle aux antipodes de l’artisanal

Le logo de la boutique est très clair : en passant commande, vous achetez de la « charcuterie artisanale depuis 1999 ».

La réalité est tout autre, comme nous allons le voir, d’abord avec les saucissons, produits stars prétendument fabriqués à la ferme par Abdelhak A.

Ces saucissons proviennent d’une filiale du géant Bigard, leader français de la viande, en l’occurrence Les Salaisons du Mont-Blanc. Sur la photo ci-dessous, tirée du compte Instagram du Fermier des Vosges, on peut lire distinctement le numéro d’agrément sanitaire de cette société, spécialisée dans la charcuterie traditionnelle, c’est-à-dire porcine, et bovine.

Pour vérifier cette information, il vous suffit de faire une recherche sur le site Openfoodfacts à partir de son numéro d’agrément sanitaire, soit « FR 74.042.001 CE ».

Poursuivons avec la bresaola de bœuf Black Angus, que l’on devine sous les saucissons (encadré vert) grâce à une inscription sur l’emballage : « Rigamonti ».

Filiale du groupe brésilien JBS (46 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020), Rigamonti est une société italienne, leader mondial de la bresaola, qui annonce pour 2020 135 millions d’euros de chiffre d’affaires. On est loin de l’atelier artisanal aux productions par définition confidentielles.

Nous pourrions continuer à égrener la liste des fournisseurs du Fermier des Vosges. Mais restons-en là. Retenons simplement que la cinquantaine de produits vendus dans la boutique en ligne proviennent d’entreprises industrielles de France et d’Italie, mais aussi d’Irlande, d’Espagne, des Etats-Unis et d’Australie.

Passons plutôt aux ingrédients utilisés, lesquels révélent le caractère industriel de cette prétendue « charcuterie artisanale depuis 1999 ».

Dissimuler ces ingrédients que les clients ne doivent pas voir

Lors de notre enquête, nous avons pu consulter des dizaines d’étiquettes, grâce d’une part à la collaboration d’un certain nombre de clients, d’autre part aux photos publiées sur les comptes officiels Instagram, Facebook et Twitter de la boutique.

Sur la photo suivante, tirée du compte Instagram du Fermier des Vosges, on constate que les étiquettes des saucissons différent de celles fournies par Les Salaisons du Mont-Blanc (Bigard).

Voyons cela de plus près avec l’image ci-dessous :
– en haut, les saucissons avec l’étiquette d’origine de Bigard,
– en bas, les mêmes saucissons maquillés par Mourad O.

Les informations légales et obligatoires ont disparu au profit d’une étiquette qui ne permet pas aux clients de la boutique de savoir ce qu’ils mangent. Une erreur ? Assurément non.

Les ingrédients ont été volontairement supprimés, à l’exception des quelques produits dont la composition laisse penser qu’ils sortent tout droit d’un petit atelier artisanal.

C’est le cas de la pancetta de bœuf, de la Cecina de León ou encore de la bresaola de bœuf Black Angus. Mais pas du jambon de bœuf braisé, à la composition bien trop chargée pour figurer sur l’étiquette (voir la capture d’écran plus bas). Il convenait d’éviter de mettre la puce à l’oreille d’éventuels clients avertis.

Et pour cause, un coup d’oeil à ce que contient par exemple la bûche du volailler aurait très rapidement permis de lever le lièvre : « lactose, dextrose, antioxydants : érythrobate de sodium (E316), ascorbate de sodium (E301), huile de tournesol, sirop de glucose, dextrose, sucre. Conservateurs : nitrate de potassium (E252) ».

La liste des ingrédients du blanc de poulet braisé aurait pu également immédiatement susciter la suspicion : « blanc de poulet (50 %), eau, fécule, sel, stabilisants (E451, E407, E415, E410), sucre, arômes, arôme de fumée, antioxydant (E316), conservateur (E250) ».

A peu de choses près, tout est à l’avenant.

Il nous faut préciser que l’ajout des ingrédients sur le site Internet, telle que la capture d’écran ci-dessus le montre, fait suite à nos révélations. Tant qu’il a été possible de les dissimuler, ils ont été dissimulés.

Le cas du bacon de veau fumé est à ce titre significatif : « viandes de veau (93 %), dextrose, sel, protéines de blé stabilisants : di-, tri- et polyphosphates gélifiants : carraghénanes, farine de caroube et xanthane, épices, antioxydant : ascorbate de sodium, érythorbate de sodium, arômes (dont lait et lactose), acidifiant : lactate de potassium, conservateur : sel nitrité, sel de Guérande (0,4 %), sirop de glucose. arômes de fumée ».

Une telle composition aurait nécessairement interpellé plus d’un client : la seule présence de certains additifs — nitrites et nitrates, di-, tri- et autres polyphosphates — dont la dangerosité n’est plus à démontrer, suffisait à découvrir le pot aux roses.

Les produits ont toujours été industriels

Nous avons interviewé Abdelhak A. et Mourad O., respectivement pendant trois et quatre heures. Tous deux ont tenté de nous convaincre, en vain, de la qualité artisanale de leur charcuterie. La manœuvre consista essentiellement à focaliser notre attention sur les saucissons.

Concédant chacun peu ou prou, pour des raisons différentes, que tous les autres produits — au nombre de quarante-six — n’étaient pas fabriqués à la ferme, les associés s’échinèrent à nous persuader que ces saucissons étaient l’exception, car de facture artisanale : ils auraient été les premiers temps élaborés par l’éleveur lui-même, jusqu’à ce qu’un souci de santé affecte Abdelhak A. et contraigne le duo à sous-traiter leur production, devions-nous croire.

Mourad O. livrera une version toute différente : cette sous-traitance s’explique par une augmentation des ventes et donc de la demande. Confier le façonnage des saucissons aux Salaisons du Mont-Blanc aurait ainsi permis « de produire des volumes qu'[ils n’arrivaient] plus à produire à la ferme », écrira-t-il en réponse à un message privé sur Instagram et rendu publique par une influenceuse partenaire.

Tout cela est faux, comme nous permet de le constater la capture d’écran suivante tirée du compte Facebook de la boucherie Le Carré bio, dont Mourad O. fut le patron. Explications.

Si l’on en croit Abdelhak A., la fabrication des saucissons a cessé à la ferme aux alentours de l’un des deux aïds. Autrement dit, entre l’ouverture de la boutique en ligne début février 2021 et le 13 mai 2021, date de l’aïd al-fitr, ou le 20 juillet, celle de l’aïd al-adha, tous les saucissons étaient artisanaux et fabriqués à Fresse-sur-Moselle par le fermier lui-même.

Observons plutôt la date à laquelle cette photo a été publiée : le 22 septembre 2020. Soit environ quatre mois et demi avant les premières commandes online, quand la boutique en ligne n’existait pas encore.

Proposer à la vente les saucissons Bigard (Salaisons du Mont-Blanc) est un choix délibéré et arrêté avant même que le site marchand ne soit lancé et opérationnel. Le recours à la charcuterie industrielle a été et demeure au cœur même de la stratégie de Mourad O. Il n’est ni un accident ni un pis-aller.

Il faut le redire : grossiste en viande, Mourad O. s’est associé avec Abdelhak A., partenaire consentant, pour pouvoir écouler des produits industriels et prétendument halal, vendus par ailleurs à des bouchers, peu regardants. Pierre angulaire de cette entreprise peu orthodoxe, l’image du petit fermier devait convaincre les consommateurs musulmans de casser leur tirelire pour acheter cette charcuterie, qu’ils pensaient artisanale, saine et bien entendu… halal ; point qui fera l’objet du troisième volet de notre enquête.


Le recours à la charcuterie industrielle a été et demeure au cœur même de la stratégie commerciale de la e-boutique Le Fermier des Vosges. Il n’est ni un accident ni un pis-aller.
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Restauration hors domicile : afficher l’origine des viandes est désormais obligatoire

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Après le scandale retentissant des lasagnes à la viande de cheval en 2013, l’exigence de transparence sur l’origine des viandes que nous consommons s’imposa dans le débat public.

Malgré les fortes réticences des industriels de l’agroalimentaire, l’indication de la provenance des viandes des plats préparés contenant au moins 8 % de viande est devenue obligatoire le 1er janvier 2017.

Volaille, agneau, mouton

Depuis mardi, c’est au tour du secteur de la restauration hors domicile de faire un pas vers plus de transparence : « À compter du 1er mars 2022, l’origine de la viande (porc, volaille, agneau, mouton) servie dans toute la restauration hors domicile (cantines, restaurants, restaurants d’entreprises) devra être indiquée, comme cela est le cas pour les viandes bovines depuis 2002 », précise le gouvernement dans un communiqué de presse.

Et d’ajouter : « L’étiquetage de l’origine des viandes devra mentionner le pays d’élevage et le pays d’abattage, qu’il s’agisse de viandes fraîches, réfrigérées, congelées ou surgelées. »

Les restaurateurs rejoignent ainsi les commerçants (les bouchers, par exemple) et les industriels qui ont l’obligation d’indiquer l’origine des viandes vendues fraîches ou présentes dans des plats préparés.

Vers un halal plus exigeant ?

Cette nouvelle mesure permettra aux consommateurs musulmans de constater que les viandes françaises sont très loin d’être les plus servies dans les restaurants s’affichant halal. Grande-Bretagne, Allemagne, Irlande, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Pologne, Brésil, etc., les professionnels de la viande halal se fournissent massivement à l’étranger ; ce qui pose sérieusement question lorsque la viande provient de pays qui ont interdit l’abattage rituel.

Pour autant, s’agissant du halal précisément, ce qui importe c’est moins le pays d’origine que la certification : une viande provenant de Grande-Bretagne certifiée par l’organisme de contrôle et de certification HMC (Halal Monitoring Committee) sera assurément plus sûre qu’une viande provenant des Pays-Bas, qui de surcroît est certifiée par un organisme douteux ou commercialisée sans certification. Ajoutons qu’une viande halal française n’est pas de facto gage de qualité.

Cette obligation d’étiquetage, actée par la publication d’un décret au Journal officiel, pourrait avoir des effets particulièrement positifs sur le marché de la viande halal, si les consommateurs musulmans, alors plus vigilants, s’en emparaient : il sera par exemple plus difficile aux restaurateurs qui servent du faux halal belge ou néerlandais de continuer à faire croire que les viandes proposées à leurs clients sont bien halal.

Si les consommateurs musulmans s’en emparaient…

Crédit photo une : © Shutterstock.com

Voici comment ne pas vous faire arnaquer et lutter contre la fraude aux faux moutons de l’aïd

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Cette année encore, nombre de consommateurs musulmans qui ont passé commande chez leur boucher ou dans un hypermarché de la grande distribution vont se faire avoir.

Seuls celles et ceux qui ont un boucher transparent et honnête ne seront pas trompés, ainsi que ceux qui auront choisi de faire abattre leur mouton dans un abattoir type abattoir mobile, car ils assisteront à l’abattage et pourront s’assurer de visu que le sacrifice est respecté.

La majorité des moutons sacrifiés seront frauduleux

Dans l’écrasante majorité des cas, le mouton ne sera pas un mouton de l’aïd, car :

1- la bête aura été abattue avant la prière du jour de l’aïd, soit quelques heures avant dans le cas du boucher qui s’est rendu lui-même dans la nuit dans un abattoir pour y abattre les moutons et être certain de les commercialiser le matin de l’aïd,
2- soit plusieurs jours avant dans le cas généralement d’importation depuis des pays étrangers, qui plus est sans garantie que le mouton soit halal.

Le marché de Rungis, en région parisienne, est en la matière un cas d’école. La semaine précédant l’aïd, des milliers de carcasses de moutons importées de l’étranger sont stockées dans des chambres froides du pavillon viandes. Elles y attendent ces nombreux bouchers musulmans d’Ile-de-France et d’ailleurs qui viennent se fournir auprès de grossistes tout aussi peu scrupuleux qu’eux.

Ce qu’est un mouton de l’aïd

Deux points essentiels sont à retenir.

1- Un mouton de l’aïd est un mouton qui doit être abattu après la prière de l’aïd, laquelle a lieu tôt le matin.
2- Un mouton de l’aïd doit être halal.

arnaque à Rungis
Vidéo d’une fraude à Rungis

Les escrocs misent sur l’inaction des musulmans

Si ces arnaques durent depuis des décennies, les fraudeurs ne doivent leur salut qu’à l’inaction des premiers concernés, leurs clients musulmans. Il suffirait pourtant bien peu pour régler tout ou partie du problème, à condition d’agir dans la durée et non juste avant ou juste après la fraude.

Une mobilisation sur Internet et les réseaux sociaux permettrait a minima de renforcer la prévention et de permettre dans une certaine mesure de contenir le phénomène. Il revient ensuite aux victimes de cette tromperie, aux associations, aux mosquées de faire valoir leurs droits auprès par exemple des services de la Répression des fraudes.

Faux moutons de l'Aïd à RungisFaux moutons de l'Aïd à Rungis

Lire
Faux moutons de l’Aïd : Rungis pris la main dans le sac

Faux moutons de l’Aïd à Rungis, les photos

La situation, grave, n’est en rien inéluctable. Chacun peut agir : mamans au foyer, employés, étudiants, adolescents, retraités, cadres supérieurs, riches, pauvres, grands, petits, bac+10 ou analphabètes. Voici quelques suggestions que nous vous proposons de lire, de vous approprier et de diffuser autour de vous et sur Internet.

La fraude reculera si vous menez l’une de ces actions

Une série d’actions est à la portée de tous. Voici quelques idées très concrètes.

1- Alertez vos voisins au sujet des moutons de la grande distribution

Sensibilisez vos proches et vos voisins musulmans sur ce que doit être un mouton de l’aïd. Invitez-les à ne pas acheter leur mouton dans la grande distribution, car le sacrifice n’y est pas respecté. Si vous ne faites rien, beaucoup achèteront un mouton non seulement qui n’est pas un mouton de l’aïd, mais qui n’est pas halal.

2- Demandez à votre mosquée d’agir et de sensibiliser les fidèles

L’imam ou le responsable de la mosquée ont une influence importante sur les fidèles. Ils ont par ailleurs un rôle important à jouer dans l’éveil et la prise de conscience qui doit se faire dans la communauté musulmane. Il demeure encore des responsables, souvent âgés, qui préfèrent se faire tout petits. Ce sera peut-être difficile de les convaincre de l’urgence d’une mise en garde contre la fraude. Il faut tout de même essayer.

3- Accompagnez le boucher lors de l’abattage des moutons

Sollicitez les responsables de la mosquée afin qu’un groupe de quatre ou cinq personnes rendent visite aux différents bouchers musulmans de la ville et dans l’hypermarché qui propose une offre « mouton de l’aïd ». Ce groupe proposera à ces bouchers qu’ils soient accompagnés le jour de l’aïd afin de s’assurer que tout se passera comme le veut la tradition. Les bouchers musulmans doivent faire preuve de transparence et indiquer concrètement d’où viennent leurs moutons et comment ils seront abattus.
Les bouchers honnêtes n’y verront rien à redire. Ceux qui se fournissent en mouton non halal, par exemple à Rungis, crieront au scandale. C’est pourtant vers cette vigilance de proximité que nous devons tendre dans les années à venir.

4- Alertez la Répression des fraudes

Si votre hypermarché propose un mouton de l’aïd prévenez immédiatement la Direction générale de la répression des fraudes, l’ancienne DGCCRF, pour lui demander d’intervenir afin de vérifier que le consommateur ne sera pas abusé. Les inspecteurs devront vérifier que le mouton sera bien abattu le jour de l’aïd et pas avant et qu’il sera bien abattu dans le respect des règles du halal. Sinon, il y aura tromperie du consommateur.

De même, si vous habitez en Ile-de-France, écrivez dès aujourd’hui à la DDPP afin de lui demander de procéder à une enquête sur les moutons de Rungis. Les milliers de moutons qui y arrivent depuis plusieurs jours doivent être contrôlés par les services de l’Etat.

Pour retrouver les coordonnées de l’ex-DGCCRF, aujourd’hui DDPP, de votre département, rendez-vous sur le site suivant : Liste des directions départementales de la protection des populations (DDPP) et des directions départementales de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP).

N’hésitez pas à joindre le lien des articles ci-dessus pour étayer votre requête.

5- Appelez votre hypermarché s’il propose à la vente des moutons de l’aïd

Votre hypermarché propose des moutons de l’aïd. Appelez-le pour qu’il vous assure que les pratiques illicites ne sont que vieux souvenirs. Aucune enseigne ne doit pouvoir vendre de façon opaque ses moutons de l’aïd, depuis tant d’années non halal et abattus avant la prière de l’aïd. Si nous agissons ensemble de concert en ne laissant rien passer, nous réussirons à faire changer les choses. Mais, il faut agir.

6- Informez vos amis sur Facebook, Twitter, Instagram, Whastapp, etc.

Ensemble, grâce à Internet et aux réseaux sociaux, nous pouvons changer radicalement la donne. Les escrocs ont peur de la lumière et redoutent les consommateurs avertis. Plus les musulmans seront informés, plus ils seront à même de se protéger contre les fraudeurs qui sur le marché de la viande halal sont légion. Votre vigilance tout comme votre smartphone ou votre souris d’ordinateur sont une arme redoutable contre la fraude.

Si les musulmans ne se mobilisent pas, ce sans attendre qu’agisse à leur place une quelconque instance ou autorité publique ou communautaire, ils continueront à être méprisés et floués, comme ils le sont depuis des décennies.


Les fraudeurs ne doivent leur salut qu’à l’inaction des musulmans.
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Aïd al-adha : vouloir son mouton le premier jour encourage fraudes et hausse des prix

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Tout le monde ou presque veut son mouton le premier jour de l’aïd al-adha alors qu’il est possible, religieusement parlant, de procéder au sacrifice les jours suivants.

Mouton le premier jour, fraudes et prix qui montent

Chaque année, la spéculation directement liée à l’aïd al-adha provoque une augmentation des prix. Les quelque 220 000 moutons achetés – dont 114 000 abattus en 2020 dans des abattoirs situés en France — à cette occasion valent plus cher que ce qu’ils valent le reste de l’année. Il est aujourd’hui commun de trouver des bêtes dépassant aisément 300 euros pièce.

Jackpot pour la filière ovine au détriment des consommateurs musulmans : des éleveurs aux maquignons, en passant par les grossistes, la grande distribution et enfin les bouchers musulmans, tous assurent subir un marché qui les dépasse, n’hésitant pas à pointer du doigt le maillon de la chaîne… auquel ils n’appartiennent évidemment pas. En réalité, nombre de ses acteurs économiques se satisfont d’une situation qui leur est ô combien profitable : les seuls et véritables perdants sont une fois n’est pas coutume les consommateurs.

La frénésie qui caractérise le premier jour de l’aïd al-adha contribue grandement au maintien de prix élevés. Pire, elle crée des conditions particulièrement favorables à la fraude : moutons abattus à l’étranger plusieurs jours avant l’aïd, puis importés et stockés en France en attendant le jour J, moutons non halal vendus sous le label halal, moutons abattus en France dans la nuit qui précède la prière de l’aïd, etc.

Lire – Mouton de l’aïd : cette année encore, des milliers de familles vont se faire arnaquer

Un mouton abattu quatre ou cinq jours avant l’aïd, à l’étranger, en Irlande ou en Grande-Bretagne par exemple comme le sont une très grande partie des bêtes vendues à cette occasion, n’est pas un mouton de l’aïd, même s’il est halal.

Les consommateurs musulmans, victimes consentantes

Paradoxalement, les consommateurs musulmans sont à la fois victimes et responsables de cette situation. Victimes, car ils se font avoir. Responsables, car ils sont encore trop nombreux à vouloir absolument leur mouton le premier jour, alors même qu’ils disposent de quatre jours pour s’acquitter du sacrifice : le jour de l’aïd à proprement parler – qu’il est préférable de choisir, mais non obligatoire – et les trois jours suivants, dits « jours de tachriq ».

Les musulmans encouragent flambée des prix et multiplication des fraudes.

Les musulmans encouragent ainsi la flambée des prix et la multiplication des fraudes. Les éleveurs français, étranglés toute l’année par le rouleau compresseur de l’industrie agro-alimentaire, trouvent dans l’aïd al-adha pour certains un moyen de survie, et peuvent être amenés à augmenter le prix de vente.

Les abattoirs ajoutent des frais en pointant très opportunément l’afflux de clients ce jour-là. De même, de nombreux bouchers profitent d’une demande très forte le premier jour pour s’assurer de belles marges.

Si les consommateurs musulmans prenaient conscience de cet état de fait et se décider à agir, ils pourraient aisément changer la donne. Il suffirait de ne vouloir son mouton que le deuxième, troisième ou quatrième jour pour faire baisser mécaniquement les prix.

A l’instar des fraudes sur le marché de la viande halal ou du hajj, les abus relatifs au mouton de l’aïd al-adha ne sont pas inéluctables à condition que les communautés musulmanes se décident à oeuvrer pour mettre fin à cette incurie.


Aïd : choisir le 2e, 3e ou 4e jour fait baisser le prix de son mouton de plusieurs dizaines d’euros.
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Blockchain, fin des additifs, et responsabilité sociétale : la révolution en marche d’Isla Délice

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Président-directeur général du leader français du halal Isla Délice (107 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, 50 % de part de marché en France), Eric Fauchon a pris ses fonctions en 2020, deux ans après le rachat de l’entreprise par le fonds d’investissement Perwyn.

Déterminé à en finir avec la qualité médiocre des produits – ultratransformés – de la marque, le successeur de Jean-Daniel Herzog a lancé plusieurs chantiers, sinon révolutionnaires, à tout le moins ambitieux : réduction, voire élimination, des additifs, dont des nitrites dans un premier produit courant 2023, réduction des déchets alimentaires et des emballages, collaboration avec des établissements scolaires situés en zone d’éducation prioritaire (ZEP), « approvisionnement responsable » avec un objectif à l’horizon 2025 de plus 90 % de fournisseurs français, etc.

Isla Délice présente l’ensemble de ces mesures sous la forme d’une plateforme « Isla pour Vous », qui s’inscrit dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), nous apprend le dossier de presse.

Si Eric Fauchon ne compte pas renoncer au recours à l’électronarcose, qu’il associe au bien-être animal – autre engagement d’Isla pour Vous, le PDG a décidé de miser sur une innovation en direction des consommateurs, inédite en France sur le marché du halal : l’intégration de la blockchain. Interview.


Al-Kanz : Interviewé par le magazine LSA, vous avez révélé « lancer un système de blockchain sur le saucisson cuit ». Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?
Eric Fauchon :
Il s’agit de donner la possibilité au consommateur de suivre, à partir d’un numéro de lot, le parcours du produit, depuis l’élevage de la volaille, en passant par les différentes étapes de transformation et jusqu’au produit qu’il tient entre ses mains. C’est une approche très novatrice et encore peu répandue. Sur le marché du halal, Isla Délice est la première marque à proposer un projet blockchain et ainsi à donner de la transparence sur ses pratiques.

Ce qu’est la blockchain ?

La blockchain, « chaîne de blocs » en français, est, selon la définition du géant de l’informatique IBM « un grand livre partagé et inaltérable qui facilite le processus d’enregistrement des transactions et de suivi des actifs dans un réseau commercial. Un actif peut être matériel (une maison, une voiture, de l’argent, un terrain) ou immatériel (propriété intellectuelle, brevets, droits d’auteur, marque) ».

Il s’agit donc d’une technologie permettant tout à la fois de stocker et de transmettre des informations, ce de façon sécurisée, décentralisée et en toute transparence. L’impossibilité de faciliter lesdites informations offre une garantie inédite.

Al-Kanz : Pourquoi seulement sur le saucisson cuit ? Est-ce un simple coup marketing ou le premier pas vers l’application de la blockchain sur l’ensemble de vos produits ?
Eric Fauchon :
La blockchain est un projet très exigeant en termes de collecte et de diffusion de l’information. Nous rôdons cette approche sur la nouvelle référence « saucisson de volaille », mais notre objectif, en cas de succès, est de l’élargir à nos futures innovations charcuterie.

Al-Kanz : Concrètement, côté consommateurs, quand ce dispositif sera disponible et, surtout, comment se présentera-t-il ?
Eric Fauchon :
Les consommateurs auront accès à ce dispositif dès le lancement de la nouvelle référence « saucisson de volaille », soit début mai. Très concrètement, ils auront accès aux informations en scannant le QR code présent sur le pack et en renseignant le numéro de lot du produit. Ainsi, ils sauront à partir de quelle volaille ce produit a été élaboré, dans quelle région elle a été élevée. Ils pourront découvrir les engagements qualité aux différentes étapes de transformation, ainsi que la rigueur de contrôle de notre certification halal.

Al-Kanz : Cette nouveauté peut offrir un début de transparence sur la chaîne de production, notamment sur l’origine de la viande et les conditions d’élevage. S’agissant de l’abattage, depuis l’entrée en vigueur de l’instruction technique en juillet 2021, il n’y a plus de doute quant à la létalité de l’électronarcose. Elle « tue quasi systématiquement » les volailles, selon les mots de votre propre certificateur, la mosquée de Lyon. Isla Délice va-t-elle en finir avec ce procédé ?
Eric Fauchon :
Tout d’abord, il est important de préciser que l’instruction technique DGAL/SDSSA/2020-722 que vous mentionnez est applicable uniquement pour les abattoirs de volaille en France. Cela ne concerne donc pas toutes les volailles que nous achetons puisqu’une partie de nos approvisionnements provient de fournisseurs de l’Union européenne, en dehors de France.

D’autre part, nous assumons pleinement de recourir à l’électronarcose sur les volailles, mais pas dans n’importe quelles conditions. Grâce à la rigueur du contrôle de l’association rituelle de la grande mosquée de Lyon (ARGML), nos fournisseurs pratiquent une électronarcose maîtrisée réversible, qui permet de garantir que les volailles sont bien vivantes au moment de la saignée. Les contrôleurs de l’ARGML, présents systématiquement sur le site d’abattage, sont les garants de cette démarche.
Par ailleurs, l’abattage est systématiquement manuel, et là encore toujours réalisé sous le contrôle visuel d’une personne salariée de l’ARGML.

Lire – Abattage rituel : le CFCM n’accepte l’étourdissement ni avant ni après la saignée

Al-Kanz : Isla Délice est leader de la charcuterie halal en France, mais pas de la qualité, à l’instar de vos concurrents du reste et de l’industrie des produits alimentaires ultratransformés. Excès de sel, des nitrites en veux-tu en-voilà, des additifs à en perdre son latin. A quand a minima une gamme débarrassée de tous ces ingrédients, une gamme healthy, soyons fous, bio ? Vous en avez largement les moyens.
Eric Fauchon :
Oui, il y a une nécessité de monter en qualité de l’offre halal. Isla Délice entend jouer son rôle de leader dans cette transformation de l’offre. Elle prendra la forme de recettes améliorées, notamment débarrassées d’un certain nombre d’additifs. Mais ce travail prend du temps car les produits de charcuterie sont des produits sanitairement sensibles et les nouvelles recettes doivent garantir une parfaite sécurité alimentaire pour les consommateurs. Les équipes de recherche et développement Isla Délice travaillent sur ce chantier depuis fin 2019 et les premières gammes rénovées seront mises sur le marché d’ici à la fin de cette année. Parmi nos objectifs figure notamment le fait de proposer une gamme de jambons sans nitrites.

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