
Dans un restaurant français, septembre 2013
En septembre 2011, nous vous invitions à vérifier la viande que votre restaurant préféré vous disait « halal ».
Lire : Viande halal : quelle certification dans votre restaurant préféré ?
Deux ans plus tard, la situation n’a guère changé chez les restaurateurs et autres professionnels de la viande. C’est le mensonge et la tromperie qui demeure. Tromperie et mensonge, car la majorité des restaurateurs continuent de vendre une viande qui ne correspond à celle voulue par les consommateurs.
La transparence est nécessaire
Il est certes des musulmans qui se fichent de savoir que leur poulet « halal » a été abattu par un disque mécanique et non par la main humaine, voire qu’il est mort dans un bain électrifié avant même d’avoir atteint ledit disque, lors de cette fameuse électronarcose. Il est évidemment des musulmans qui considèrent que la simple étiquette halal sur un emballage ou sur le menu proposé par un restaurateur sont des critères suffisants. Mais ce ne sont pas à ceux-là que nous pensons.
Nous pensons aux consommateurs musulmans qui estiment que le halal répond aux exigences évoquées par les textes. Une viande est halal si l’animal a été abattu, vivant, par un être humain, et que sa viande n’a pas été en contact avec des substances la rendant illicite. Eh bien ces consommateurs sont lésés tous les jours.
Prenons la photo postée ci-dessus. Elle a été prise par l’employé d’un restaurant qui affirme à ses clients vendre de la viande halal. Il s’agit d’un colis de la marque Vanobel contenant de la volaille abattue mécaniquement, et non par un être humain, avec au préalable passage des poulets dans un bain électrique. Parmi ces poulets, certains meurent avant d’avoir été passé à la lame : il s’agit, pour un musulman, alors de cadavres et non des poulets « endormis » par l’électronarcose. Rappelons que la viande de cadavre, al-mayita, est strictement interdite à la consommation.
De la viande de cadavre estampillée halal
Dans le cas de Vanobel, le certificat halal est attribué par la SFCVH-mosquée de Paris qui n’emploie aucun contrôleur qu’elle dépêcherait sur site pour un contrôle permanent, indépendant et systématique. L’une des conséquences directes, mais pas la seule, c’est que les poulets morts avant d’avoir été abattu sont comme les autres considérés halal. La probabilité que vous mangiez de la viande de cadavre, islamiquement parlant, et non de la viande halal n’est absolument pas nul dans le cas du poulet Vanobel et d’autres poulets issus d’abattoirs belges. Mais Vanobel est un exemple parmi tant d’autres.
Tout cela n’est pourtant pas une fatalité. A une condition : que chacun d’entre vous, que chaque consommateur décide de dire « stop » à cette tromperie massive. Comment ? Très simplement : si ce soir vous vous rendez dans votre restaurant préféré, demandez à un serveur ou au patron de vous montrer l’emballage de ses viandes ainsi que les factures sur lesquels vous pourrez voir les coordonnées de son fournisseur en viande : dans de tristes cas, vous découvrirez alors que le fournisseur en question ne commercialise pas de viande halal. Dans d’autres cas, le fournisseur a bien une certification, mais soit une certification bidon soit une certification d’organismes qui ne mettent jamais les pieds dans son établissement. Insistez au moins pour vous voir l’emballage. S’il n’a rien à cacher, il vous les montrera. Il est probable qu’il se fâche et cherche à botter en touche en faisant mine d’être outré et de refuser qu’on ne lui fasse pas « juste confiance ».
Les fraudeurs jouent sur la confiance
Confiance, c’est précisément en jouant sur les sentiments et en détournant les principes islamiques selon lesquels il n’y a pas à interroger son coreligionnaire sur le caractère halal de ce qu’il vend que les fraudeurs prospèrent. Or, depuis quelques années, la fraude a été mise sur la place publique. La règle, dans le marché du halal, est la fraude, pas le respect du halal. Il est nécessaire d’assainir le marché. Cela passe par une mobilisation des consommateurs, sans attendre « les représentants musulmans » et encore moins les organisations (CFCM, les grandes mosquées, l’UOIF, etc.) qui se taisent volontairement : tout ce beau monde s’est mis d’accord plus ou moins tacitement pour ne pas évoquer et encore moins condamner le scandale du faux halal.
Oui, c’est pénible et triste d’en arriver à demander à son boucher ou à son restaurateur préféré de faire preuve de cette transparence en montrant l’emballage de ses produits. Mais ce sont les fraudeurs qui poussent à ses vérifications. Ce sont les tricheurs qui gagnent grassement leur vie grâce aux portefeuilles des consommateurs musulmans qui obligent ces derniers à devenir de plus en plus vigilants. Soyez nombreux à avoir cette exigence. Si cette fois encore nous laissons passer ou nous nous disons que d’autres le feront à notre place, les fraudeurs continueront à frauder.